Francine Harerimana , né à Bururi en 1984, étudiante à l'Institut Nationale de la Santé Publique, en 1ère Licence, Laboratoire.
Qu'est-ce qu'il y a à fêter ?
Avec ces 50 ans, nous fêtons en première lieu l'autonomie de gestion de notre pays dans ses affaires sociopolitiques. Ce sont les fils et les filles de la nation qui gèrent les affaires du pays. Le pays est passé du paternalisme au partenariat et à la coopération avec ses anciennes tutelles. En deuxième lieu, nous fêtons le pas éminent franchi au niveau du développement en général de notre pays bien que les difficultés n'aient pas aussi manqués.
Quelles réalisations positives pouvez-vous relever ?
Les Burundais ont repris leur autonomie de gestion dans les affaires de leurs pays. Le pays a eu la parole et est respecté par les autres nations. Les progrès sur le plan du développement au niveau des infrastructures publiques et privées, au niveau de l'éducation, de la santé, de l'armée, du commerce, de l'agriculture et l'élevage etc. La démocratie s'installe progressivement malgré les différents cycles de violences qui ont secoués le pays et qui ont tenté à la phagocyter. Avec les accords d'Arusha, les Burundais s'engagent à vivre ensemble dans la paix, dans la justice et promouvoir le développement, la démocratie et l'Etat de Droit.
Quels éléments négatifs pouvez-vous signaler ?
La déchéance de la monarchie ganwa qui maintenait l'unité et la cohésion sociale, ce qui a conduit les différentes couches de la société burundaise à s'entredéchirer. Au lieu de consolider l'unité, socle de l'indépendance de leur pays, les Burundais se sont divisés suivant leur appartenance ethnique et se sont massacrés. Le patriotisme de nos ancêtres a été remplacé par l'égocentrisme et l'exclusion. Le respect et la dignité ne sont plus des valeurs caractéristiques de tout Burundais. Cela se remarque par les propos diffamatoires et dégradant que tiennent certains Burundais contre leur propre pays dans les tribunes des nations et devant des assemblées des organisations internationales.
Est-ce qu'aujourd'hui le pays est indépendant ?
La réponse est double. D'une part, oui, parce qu'il est dirigé par ses filles et ses fils. Les institutions d'un Etat souverain sont en place et fonctionnent normalement même si quelques problèmes ne manquent pas. Le Burundi détermine donc lui-même de son avenir. D'autre part, du point de vue économique, le pays n'est pas indépendant puisqu'il vit en grande partie des aides et subventions des puissances étrangères. Ceci limite son pouvoir de décision même pour ses politiques intérieures. Les puissances qui l'aident économiquement ont tendance à dicter ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. Il arrive même qu'elles veulent se mêler dans la gestion des affaires interne du pays (le changement d'un régime pour le remplacer avec un autre). Cela s'est remarqué et se remarque encore surtout dans les pays du tiers monde qui se recherchent encore.
Quel est le projet de société dont le Burundi pourrait être fier ?
Jusque maintenant, on a pas encore eu un projet de société dont le peuple Burundais peut être parfaitement fier. Nous sommes dans un long processus de changement qui devra aboutir à une société dépourvue de toute tendance égocentrique et divisionniste, une société dépourvue de toute forme d'injustice, une société développée. Le peuple Burundais a besoin donc d'un projet de société patriotique qui pense aux intérêts du pays et de tous les Burundais sans distinction aucune. C'est un projet qui viserait la réforme des structures et institutions injustes et leur mode de fonctionnement pour donner la chance à chaque fils et fille du pays sans distinction aucune. Un projet de société qui mettrait en avant la promotion de la croissance économique, le partage équitable des biens de notre pays, le respect des droits humains, la promotion de l'excellence et la lutte contre l'exclusion de toute sorte. Un projet de société qui promeut la démocratie, la bonne gouvernance et l'Etat de Droit.
Comment se dessine l'avenir du Burundi ?
Avec, les accords d'Arusha qui ont remis les protagonistes burundais sur les rails, nous espérons que l'avenir du Burundi sera meilleur bien qu'il y ait encore des nostalgiques du passé et les corrompus qui cherchent leurs intérêts. Le peuple est aujourd'hui mur et prêt à combattre toute personne qui pense faire retourner le pays dans son histoire sombre. A voir donc le pas franchi et où nous sommes aujourd'hui, il y a vraiment à espérer.
Que faut-il pour construire le Burundi où il faut bon vivre
Nous devrions d'abord promouvoir l'esprit patriotique qui nous pousserait à la consolidation de la paix dans notre pays. Nous devons ensuite lutter contre toute forme d'injustice. Qu'il y ait le respect des droits humains, la promotion de l'excellence et la lutte contre la corruption.
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